Le journal Le Figaro du 13 Février 2016 fait un comparatif entre la dynamique et enviée cité loudéacienne gérée par la droite et la désœuvrée et délaissée cité guingampaise plombée par la gauche.
Je ne sais pas si le gros bourg du Centre Bretagne se reconnait dans ce que les élus de droite donnent comme image idyllique, pourquoi les professionnels médicaux boudent ils Loudéac et sa région, pourquoi les centres de décision ne suivent pas les industries agroalimentaires, pourquoi le taux de maladie professionnelle , tendinite par exemple, est il plus élevé sur le secteur ? Autant de questions qui viennent relativiser l’auto-congratulation du Figaro envers les élus de son parti politique.
REPORTAGE - De prime abord, la ville de Guingamp paraît plus attractive que la commune ouvrière de Loudéac, mais le dynamisme des élus locaux a inversé la donne.
Envoyée spéciale dans les Côtes-d'Armor
Entre Loudéac et Guingamp, au cœur de la Bretagne intérieure des Côtes-d'Armor, seulement 60 km d'écart. Deux villes en granit d'un peu moins de 10.000 habitants, marquées par l'élevage de cochons et aujourd'hui suspendues à l'évolution de la crise agricole. Sur ce fort terreau commun se sont pourtant développées des réalités économiques très différentes. Avec un taux de chômage de 7,3 %, selon les dernières données de l'Insee, le bassin d'emploi de Loudéac caracole en tête des meilleurs élèves français. À l'opposé, 10,9 % de la population active de la communauté de Guingamp pointe à Pôle emploi, le taux le plus élevé de Bretagne.
De prime abord, la ville de Guingamp, avec son équipe de foot de Ligue 1, son beau centre historique, sa gare desservie par le TGV et la proximité de la mer, paraît plus attractive que la commune ouvrière de Loudéac, perdue au milieu des terres. Mais le dynamisme des élus locaux a inversé la donne. Son succès, Loudéac le doit en premier lieu à Pierre Étienne, chirurgien et premier magistrat de la ville de 1955 à 1979. C'est lui qui, au moment où la Bretagne basculait d'une économie agricole vers l'agroalimentaire, attira sur son territoire le charcutier Olida, dont le site a été racheté depuis par la grande coopérative de production porcine, la Cooperl.
«Notre recette, c'est d'avoir toujours un coup d'avance. Quand une entreprise cherche à s'installer, elle ne peut pas attendre deux ans»Guy Le Helloco, le président divers droite de la communauté de communes de Loudéac
Ce premier coup ramena près de 400 emplois dans la commune. Il fut suivi par de nombreux autres. «Notre priorité, c'est l'économie, l'économie, l'économie, martèle aujourd'hui son successeur, le président divers droite de la communauté de communes de Loudéac, Guy Le Helloco. Nous faisons tout pour inciter les entreprises à s'installer chez nous: foncier peu cher (7 euros/m2), aides à l'investissement jusqu'à 100.000 euros, logements pour les apprentis, crèche d'entreprise… Tout cela en nous interdisant d'augmenter la fiscalité.»
Une formule qui fonctionne. Loudéac est désormais bordée par une zone industrielle de plus de 400 hectares, bâtie à coups d'échanges de parcelles avec les agriculteurs. Tous les métiers autour de l'agroalimentaire s'y retrouvent: transformation, conservation, transports, construction… Malgré la pression que subit la filière porcine, pour l'instant, aucune casse sociale n'est à déplorer. «Notre recette, c'est d'avoir toujours un coup d'avance. Quand une entreprise cherche à s'installer, elle ne peut pas attendre deux ans. Aujourd'hui, nous pouvons mobiliser rapidement 70 hectares», avance encore Guy Le Helloco.
«il y a une culture locale très exigeante de reconnaissance par le travail»Marc Le Fur, député LR de la circonscription
«Les économistes disent souvent que la France a fait le choix du chômage. À Loudéac, c'est l'inverse, la population fait le choix du travail, décrypte le député LR de la circonscription,Marc Le Fur. C'est une ville de labeur, avec des emplois peu payés, souvent juste au-dessus du smic. Dans l'agroalimentaire, les gens travaillent très dur dans le froid et l'humidité, mais il y a une culture locale très exigeante de reconnaissance par le travail.» Une culture si forte que l'intégration de familles du Nord qui s'étaient installées dans le coin pour trouver un emploi ne s'est pas toujours bien passée, selon les récits locaux…
«Dans cet environnement très particulier, notre défi numéro un est de trouver les compétences réclamées par les entreprises, abonde François Le Meec, le directeur de Pôle emploi Loudéac. Pour y répondre, nous travaillons sur trois leviers: la formation des demandeurs d'emploi, l'image des métiers, notamment dans l'agroalimentaire, et la mise en valeur des offres des entreprises.»
A Guingamp, CIT-Alcatel a fermé ses sites les uns après les autres
Les priorités de la directrice de l'agence de Guingamp, Bénédicte Augereau, sont différentes. Le fort taux de chômage local s'explique, selon elle, essentiellement par la saisonnalité des emplois.«Notre objectif est alors d'accompagner les entreprises pour qu'elles proposent des contrats plus durables», soutient-elle. Le chômage important que connaît Guingamp s'accompagne inévitablement de difficultés sociales. Selon l'Insee, seulement 46 % de ses ménages sont imposés, contre 61 % à Loudéac. Les deux villes affichent respectivement des taux de pauvreté de 23,2 % et 13,2 %, versus 14,3 % pour la moyenne française. Malgré cet environnement peu porteur, la mobilité est très faible à Guingamp «car les personnes ont appris à gérer leur vie avec les solidarités familiales et locales, et cela fonctionne», analyse Bénédicte Augereau.
Jusqu'aux années 1980, Guingamp faisait pourtant figure de havre de prospérité, avec sa spécialisation de pointe dans les télécoms. Mais l'irruption de nouvelles technologies a poussé l'industriel CIT-Alcatel, qui employait près de 1.400 personnes, à fermer les uns après les autres ses sites, laissant beaucoup de monde sur le carreau. Trente ans plus tard, la plaie n'est toujours pas pansée, malgré l'arrivée régulière de groupes agroalimentaires sur le territoire.
«Pourquoi Guingamp en est là ? Cela ne fera plaisir à personne, mais la réponse est simple : on a eu des élus moins influents qu'ailleurs»Bernard Hamon, président de la communauté de communes de Guingamp
«Pourquoi Guingamp en est là? Cela ne fera plaisir à personne, mais la réponse est simple: on a eu des élus moins influents qu'ailleurs, assène Bernard Hamon, le président (sans étiquette) de la communauté de communes de Guingamp. Pour faire venir les entreprises, il faut un réseau, se battre au quotidien. On a pris beaucoup de retard. C'est urgent de le rattraper. Guingamp se paupérise à vitesse grand V.»
Pour Philippe Le Goff, maire PS de Guingamp depuis 2014, les leviers pour le redressement de sa ville sont enfin réunis. «Jusqu'il y a quelques années, nous n'avions pas de foncier disponible pour les entreprises. Le sujet est désormais réglé: plus de 40 hectares peuvent être commercialisés, avance-t-il. La réforme territoriale qui entrera en vigueur en 2017 va aussi donner à la communauté de communes les moyens d'avoir une vraie politique d'animation économique. Nous souffrions d'un problème de taille.» Des aides à la création d'emploi, plafonnées à 60.000 euros, ont encore été instaurées. Afin d'accélérer, l'édile espère que la région mettra en place une aide vers les territoires en difficulté…
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